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Abd-el-Kader: empereur d'arabie

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Abd-el-Kader: empereur d'arabie. Source: Foreign and Commonwealth Office Collection, (1860) Published by: The University of Manchester, The John Rylands University Library Stable URL: http://www.jstor.org/stable/60232896 . Accessed: 15/06/2014 03:19 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Digitization of this work funded by the JISC Digitisation Programme. The University of Manchester, The John Rylands University Library and are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Foreign and Commonwealth Office Collection. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.73.34 on Sun, 15 Jun 2014 03:19:26 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions
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Page 1: Abd-el-Kader: empereur d'arabie

Abd-el-Kader: empereur d'arabie.Source: Foreign and Commonwealth Office Collection, (1860)Published by: The University of Manchester, The John Rylands University LibraryStable URL: http://www.jstor.org/stable/60232896 .

Accessed: 15/06/2014 03:19

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

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Digitization of this work funded by the JISC Digitisation Programme.

The University of Manchester, The John Rylands University Library and are collaborating with JSTOR todigitize, preserve and extend access to Foreign and Commonwealth Office Collection.

http://www.jstor.org

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ABD-EL-KADER

EMPEREUR D'ARABIE

PARIS

E DENTU, LIBRAIRE-EDITEUI (xALERIE D'ORLLANS, 13, PVLUS-ROl IL

1860 Tons droits t^servt.3.

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ay?*

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ABD-EL-KADER

EMPEREUR D'ARABIE

Ceux qui regardent l'integrite de l'Empire ottoman comme possible, ressemblent, coinme l'a si judicieuse- ment fait observer Von Hubert von Boehn (Zustand der Turkei), a cet enfant terrible qui voulait qu'on lui donnat la lune, et qui croyait serieusemenl qu'on pouvait la lui donner.

Nul point de l'Europe n'est plus central, plus avan-

tageusement situe, mieux favorise par la Providence; et cependant de tous il fut toujours, et il est encorej le plus avili et le plus miserablement administre.

La Turquie a 86,000 lieues carrees, sans ponts ni

routes, ni canaux, ni chaussees! Les lois generates de la nature sont la naissance, la

croissance, le declin et la mort; a ces lois generates il faut que la Turquie se soumetle.

Elle a vecu, elle tombe, elle approche d'une mort necessaire et naturelle.

Depuis l'independance hellenique, depuis le massacre des janissaires, depuis l'avant-derniere guerre mosco- vite, depuis Navarin, depuis 1840, son front haulain et farouche a ete humilie et son cimelerre emousse.

En essayant d'imiter la civilisation europeenne, en

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quitlant leur costume national contre le noire, les Os-

manlis ont perdu leur vrai caractere, ils ont renie leur

race et leur passe, ils ont degenere, ils sont devenus

entierementnuls..

Pour qu'une nation soit libre, grande et indepen-

dante, il lui faut une armee, une marine, de l'argent, du credits l'unite nalionale, la paix interieure, le res¬

pect au dehors, et surtout des hommes capables, ayant

l'experience des affaires politiques, financieres et mi-

litaires.

On ne trouvera rien de tout cela dans l'Empire ot¬

toman.

Son armee?... derision!...

Ces regiments qui s'avancent dans les rues boueuses

de Stamboul au son des tambours qui essaient de battre

des marches francaises, ne peuvent, malgre les efforts

des sergents places en serre-file, non-seulement mar-

quer le pas, mais encore conserver leur rang. Voila

pour le physique. Le vol erige en sysleme, les coups en

cas de refus, des orgies, des actes obscenes, des viols, voila pour le moral.

Hen est a peu presde meme al'egarddelamarine. Ses nautonniers marchent loujours depuis Navarin,

— ce Trafalgar de la Turquie, — sur les traces de eel

incomparable Mohammed, qui ayant quitte Alexandrie

pour Malte, et ayant navigue pendant plusieurs jours sans perdre de vue la terre, est revenu a Alexandrie

sans avoir pu trouver Malte.

i L'argent fait la guerre, l'argent fait lout, » disait

Monlecuculli; la Turquie, a ddfaut de soldats el de ma-

telots, peut-elle au moins invoquer cette ressource? —

Certainement non,

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Ses terribles embarras financiers, son deficit, son credit nul sont. connus de FEurope entiere; tout le monde a entendu parler de la fausse monnaie circulant sous les yeux du gouvernement ainsi que de ses billets de banque (ka'ime) rappelant les assignats. — On con-, nait l'histoire de l'emprunt fait a l'etranger pour sauver la Sublime-Porte d'une banqueroute honleuse, et du re- fus de ratifier l'emprunt, une fois l'argent recu; on sait les vols du Tresor public pratiques non pas par des commis subordonnes, mais par des ministres corrom-

pus, qui singentla civilisation europeenne, parlcnt fran' cais comme des perroquets, et sont considered comme les reformateurs et les civilisaleurs de l'Orient, tandis que chez pous ils seraient aptes tout au plus a faire des

expeditionnaires, e't.encore! Ceci demontre, est-ce a l'unite interieure des habi¬

tants cle l'Empire ottoman, est-ce a sa force morale, au respect que les autres puissances ont pour lui qu'il faut demander une garantie, — garantie impossible pour eel empire?

N'oublions pas que la plupart de ses habitants sont des Chretiens (12,000,000), des Neo-Musulmans (3,500,000), des Maronites, des Druses, des Turco¬ mans, des Kurdes, des Syriens, des Arabes et des Juifs (150,000), les Osmanlis n'etant que la sepliemc ou hui- lieme parlie de sa population.

Cathohques (800,000), Grecs (3,000,000), Serbes proprement dits (1,000,000), Serbes Bosniaques et Herzegoviens (1,100,000), Serbes de Bulgarie et d'Al- banie (700,000), Bulgares (3,000,000), Armeniens (2,400,000), Neo-Musulmans, Maronites, Druses, Tur¬ comans, Rurdes, Syriens, Arabes et Juifs, tons sont

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separes des Osmanlis par la religion, le dogme, les

mceurs, les usages, le langage, et ne peuvent avoir

avec eux aucune relation amicale.

Au contraire, comme Raias (Serfs) et Miristes (Tri-

butaires), ils sont meprises, opprimes de touies facons,

n'oblenant jamais justice devant les juges osmanlis

qui ne veulent pas reconnaitre le temoignage des Serfs

et des Tributaires, pas plus que les Osmanlis ne veu-

*ent porter temoignage pour les Raias et les Miristes.

Raias et Miristes ne peuvent que detester le gouver-

nement ottoman, que respirer la vengeance, et atten-

dre le premier moment favorable pour s'insurger

contre lui. Ce n'est pas seulement par leur nombre

qu'ils sont superieurs aux Osmanlis, ils le spnt aussi,

et nolamment les Arabes, par leurs ressources morales

et physiques, leurs vertus, leurs sciences, leurs riches-

ses, et leur grand developpement intellecluel.

Cette nation qui, rnalgre son isolement, s'est conser¬

ved presque independante endepit des rivaliles, et dont

le sang n'a point ete melange, n'a pu changer de ca-

ractere.

C'est tout le contraire pour la Turquie, ou toutes les

races se sont separees de plus en plus comme moeurs,

coutumes, esprit, aptitudes, costumes, el se sont divisees

par contree et meme par quartiers dans une meme ville.

II y a bien eu quclques concessions rendues inevitables

par le frottement; mais ou ont-elles abouti A la revo¬

lution grecque et aux troubles incessanls des Princi-

pautes danubiennes, de I'Arabie et de la Syrie.

On peut conclure de la que 1'Empire ottoman est un

empire profondement scinde en des centaines de frac¬

tions de races, de croyances, de nationalites de loute

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espece et de toute nature, et dont 1'esprit d'antagonisme est un de ses trails les plus saillants etlesplus distinctifs.

Quelle distance, en effet, de l'Arabe du desert au

Turc de Stamboul; du Fellah d'Egypte a l'indomptable Albanais ; du Maronite du Liban, cultivateur religieux et stable, aux hordes errantes et brutales des Kurdes et

des Turcomans; de l'Armenien pacifique et du Grec

remuant au farouche et apalhique janissaire II y a

entre eux des intervalles immenses que rien ne peut combler.

La politique turque a loujours ete d'ecraser les plus forts et d'annihiler la force de ces nations, tout au ant

que celle des pachas, parun esprit de rivalite et de dis-

corde adroitement seme et entretenu enlre les diverses

parties de ce vaste empire, craignant aulant les nationa¬

lity que les chefs qu'elle leur envoyait elle-meme.

Les consequences de cette politique, fruit amer des

principes d'exclusion et de force brutale, nul n'a pu les

arreter, meme les monarques les plus energiques et les mieux intentionnes. Les scissions et fractions de races se sont accrues et multiplie'es. II y a a l'heure

qu'il est, dans -le Nedjed, cceur de l'Arabie, plus de

600,000 Wahabytes en etat de porter les armes; ces

Wahabytes, que Ton n'a point detruils, que Ton ne detruira jamais, mais qui, au contraire, jouant le

principal rule dans les evenements prochains, devore- ront lous les partis, et particulierement les Osmanlis, forment, avec les Anezes, les Assyriens, et toutes les tribus intermediates qui ont des partisans jusque dans la Mecque et revent la meme independance, un nombre de plus d'un million de combaltanls bien

aguerris, bien armes et d'une intrepidite rare.

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D'autres perils imminenls existent. Tous ceux qui ont un peu etudie les Osmanlis et les

questions orientates, ont necessairement observe que la nation se partage en deux fractions ennemies.

D'un cote sont les pretendus reformateurs et les hommes de soi-disant progres, qui ont visite Londres et Paris, et qui, a l'inslar de Vely-Pacha a Candic et de tant d'autres, rentrent chez eux imbus de plus de fa- natisme et de prejuges, et infiniment plus corrompus que lorsqu'ils en sont partis : par consequent, plus dan-

gereux. Il est a remarquer que de notre civilisation, les Orien-

taux ne prennent jamais que les vices.

Derautrec6lesontlesTurcsdelavieilleroche,c'est-a- dire ceux qui tiennent encore aux anciennes moeurs et

coutumes, ont le plus de sens commun, et sont restes

honneles. Ils suivent a la lettre la parole du Goran, qui est loin, comme le veul l'erreur commune, de precher Fextermination et le meurtre des Chretiens, puisqu'au contraire il impose formellemcnt aux musulmans l'o-

bligation de les proleger en les soumettant a leurs lois

civiles.

II faut, en outre; en mentionner une troisieme, celle

des ultramontains duCoran,Tartufes litteralement d'iu-

vention turque, aux mains desqucls la loi musulmane

n'est qu'un instrument dont ils savent se servir a l'ins-

lar etpeut-etreplushabilement encore que lesjesuiles. Ceux-ci considerent tout individu qui ne se soumet

pas a leurs prescriptions ct a leurs pratiques comme un

mecreant qu'on peut tuer sans pitie; declarent qu'ils ont droit absolu sur les biens des Ra'ias, etesperent re-

voirlamiseen vigueurdu Kliaradj, le kharadj! cet

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execrable papier qu'un chretien etait force d'avoir tou-

jours sur lui sous peine des severites de la loi, et sur

lequel on lisait : « Le porteur de ce papier, un Giaour,

ayant paye sa contribution capitulaire, il luiestpermis

de porter sa tele sur ses epaules pendant un an. » Ces

croyants si pieux ettrop fideles, qui sont, helas! encore

Irop nombreux, abhorrent, detestent leur gouverne-

ment et les pretendus reformateurs, qu'ils traitent

d'impies et d'heretiques, condamnes par le Prophete a

la damnation eternelle, et ils les poursuivent d'une

haine pire que celle que les Chretiens ont pour les Os¬

manlis en general. Ceci n'est qu'un apercu succinct de l'unite interieure

et de la force morale de 1'Empire ottoman, gouverne par des hommes vulgaires, incompetents, illeltres, ignares,

corrompus et crasseux.

Mais si la Turquie a ses ennemis a l'interieur quitra- vaillent a sa chute, elle n'est pas plus heureuse a l'exle-

rieur : elle a d'uncote, pour vofsins, les Moscovites, qui convoitent ce pays depuis longtemps; puis l'Autriche,

qui, quoique bien decline, envie la Russie ou desire le

partage avec elle; et enfin, les Hellenes, ces ennemis

naturels et acharnes.

Elle a ete menacee et insultee un jour par lord Strat¬

ford do Redcliffe; une autre fois par le marquis de La

Valetle, une autre par MM. de Leiningen et Titow, une

autre par le cosaque Menlchikoff, et, finalement, par toutes les puissances reunies : loujours cedant sans

courage, elle est devenue, a la face de la chretiente et

de ses propres sujets, un veritable objet de derision, sans principe de vilalite.

Ceux qui la defendenl ne meritent pas qu'on rai-

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sonne serieusement avec eux; car les Osmanlis intel-

ligents reconnaissent eux-memes leur misere pre- sente, et avouent, avec une tristesse touchante, que leur derniere heure marquee par les propheties ap- proche.

Comment, en effet, peuvent-ils n'y pas croire? com¬ ment peuvent-ils ne pas s'empecher de detromper par suite les insenses qui se rappellent ce que fut leur em¬

pire dans le passe, et se le representent encore aujour- d'hui comme autrefois?...

Oui, ils ont perdu la tete tous ceux qui croient a

l'integrite et a 1'existence de la Turquie; car ils ont en- tierement oublie que la Moldo-Valachie et la Servie, ces greniers inepuisables, autrefois parties integrantes de l'Empire ottoman, sont a present des principautes chretiennes; que la Moree, l'Eubee, les Cyclades, la Grece continentale, apres une lutte terrible de sept an-

nees, forment aujourd'hui le royaume independanl de la Grece; que la grande et fertile ile de Samos, apres une lutte noble aussi, a imile ses soeurs la Moldavie, la Valachie et la Servie; que l'Algerie, quifutlribulaire el alliee puissante de la Porte, est mainlenant une colo¬ nic francaise; que Tunis est independant, sous le pro- tectorat de la France, et ne reconnait que la suprematie religieuse du Grand-Turc; que TEgypte, il y a quelques annees, a menace de renverser le sultan, et que celui- ci n'a conserve d'autre relation avec elle qn'un iribut annuel qu'on veut bien payer, grace a la quadruple alliance de 1840; que l'Arabie ne subit l'autorile

lurque (la ou elle existe encore) que moyennanl des sommes considerables payees annuellement a plus de

2,000 cherifs descendants du Prophete, et qui n'at-

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tendent que l'occasion de se debarrasser de ce patro¬

nage (les derniers evenements de la Mecque, en 1853

el 1856, en onl fourni la preuve); et que les Montene¬

grins-s'etant revokes, l'Autriche, par la voix de son am"

bassadeur, a ordonne a sa cliere alliee de retirer ses

armees, de payer une somme d'argent, de ceder

certains ports et de reconnaitre l'independance du

Montenegro; que l'autocrate enfni ayant tente de s'em-

parer de Constantinople, sans l'intervenlion armee de

la France, de 1'Angleterre et du Piemont, la Turquie

etait perdue. Et maintenant, apres avoir demontre que l'integrite

de l'Empire ottoman est une idee fausse, en ajoutant

que faire reposer l'equilibre europeen sur un Etat en

decadence est risquer de le compromettre; que l'exis-

tence de la Turquic menacera toujours de ruiner le

commerce del'Occident avecl'Orient, et sera sanscesse

une pomme de discorde entre les differentes puissances

de l'Europe; eniin, que le partage de l'Empire otto¬

man est impossible, arrivons a une solution qui

empeche les envahissements et nous promette le

developpemcnt du commerce de l'&rient, la libera¬

tion et le bonheur de millions de Chretiens et de mu-

sulmans.

Cette solution, c'est l'etablissement d'un equilibre

oriental s'harmonisant avcc l'equilibre europeen.

Les Bruses, les Maronites, les Mo|toualis, les Nossa'i-

ris, etc., qui habitent la Syrie avec les Grecs et les

Chaldeens, font partie de la grande famille arabe, qui

forme une population totale, pour toule la peninsule,

dela mer Mediterranee a l'Ocean Indien et delaMer

Rouge au golfe Persique, de 10 a 12 millions d'individus,

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divises en grandes et petites tribus, ayant leurs chefs et formant plusieurs gouvernements separes et im- portants.

Quelques-unes de ces tribus sont soumises en ap- parence au gouvernement lure.

Ce sont uneparliedecellesde Mesopolamie, de Syrie, du Hedjaz et du Nedjfid.

L'Yemen, 1'IIadramont, les pays de Mascate, de Serr, le Mareb et l'Assir ne reconnaissent pas la suprematie de Constantinople.

Tous indislinctement meprisent et abhorrent les Turcs et leur gouvernement, et ceux qui vivent sous sa dependance desirent s'en delivrer par tous les

moyens possibles. D'aulres tribus vivenl parfaitement independanles,

et, parmi elles, il y en a de toutes-puissantes. Lcs principales sonl : les Anezes, les Montifichs, les

Wahabyleset les 90,000 juifs Rechabites de Khaibar. Les Turcs sont souvent forces de composer avec

elles au moyen d'enormes sacrifices d'argent. Les re- cents evenements de Bagdad, IwOmer-Pacha, sont la pour 1'atlester. D'un autre c6te„ ils onl pour principale poli¬ tique d'empecherl'intelligence des Arabes de se deve- lopper, en les fanatisantet enslimulanl lous leurs pre- juges, en eleignanl peu a peu tous leurs insiincls de pro- bite, d'instruction el de tradition; en denaturanl meme l'esprit religieux; en excitant toujourset partout les plus petites rivalites; enfin en les accablanl d'avanies, d'in- justices ct de mauvais traitements.

Les luites intestines seules ont soutenu la domina¬ tion turquc sur les Arabes, si bien fails pour seregenerer et vivre libres sous un gouvernement de leur choix.

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Si Ton consullait le suffrage universe], nous avons

la conviction acquise que la Turquie se trouverait de-

pouillee demain de loutes ses possessions d'Afatbi^ et h^i

meme de celles d'Europe. Les Arabes, malgre l'espece d'esclavage dans le-

quel on les force pour ainsi dire de vivre, meritent a

tous egards que l'Europe s'interesse a eux, etla nation

occidentale qui les aidera a reconquerir leur indepen-

da'nce, se fera de ce nouvel empire le plus important et le plus fidele allie, tant au point Ue vue commercial

qu'au point de vue politique. En effet, la formation de ce nouvel empire, place en

quelque sorte au centre de l'Europe, de l'Asie et de

1'Afrique et baigne par quatre mers a la fois, ne met-

trait-elle pas a neant les reves ambitieux de quelques nations

Mais il faut un homme pour le diriger (1), et cet homme

pourquoi ne serait-ce pas Abd-el-Kader, qui trouvera

au milieu des Arabes, ou sa renommee s'estpropagee, lous les elements capables de salisfaire son ambition, sa generosite et sa bravoure, et qui, dans les affaires

de Syrie, a appris a l'Europe la veritable interpretation des maximes du Goran et comment un vrai croyant sincere doit les appliquer.

La ruine de l'Empire turc est, nous l'avons dit, in¬

fallible et procliaine. Sa nalionalile est usee, et dans l'interet europeen, il

importe de ne pas meme essayer de le soutenir.

LaRussie convoite Constantinople, celte reine des

(1) Comme l'a si Li6n compris Napoleon Icr, a qui revienl le merite d'avoir cm a la possibilile d'arriver a'la creation de cet empire.

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mers; mais la France, 1'Autriche, la Prusse et l'Angle- terre surtout redoutent avec raison que cette capitate devienne sa proie. ' Or, quel est le moyen de concilier les puissances europeennes sans provoquer le moindre bouleverse-

ment ni froisser personne? Faire/de l'ancienne Byzance une ville libre comme Francfort, Breme Lubeck et

Hambourg, sous la protection de toutes les puissances et avec un gouvernement local pris parmi tous les no¬

tables. ^21(tl ifi\>i diaina^i

La constitution definitive d'un Empire Arabe, forme

des divers Etats et principautes de la peninsule, soumis et independants groupes sous le sceptre d'Abd-cl-Kader,

qui en maintiendrait au besoin les chefs^avec ses ga- ranties civiles et politiques pour les peuples, pour les

Arabes comme pour les aulres^-radoption d'un code

mis en rapport avec le Code Napoleon et du systeme decimal francais,^el la separation du* spirituel el du

temporel, avec capitate politique a Bagdad et chef-lieu

spiriluel a la Mecquer L'ouverture immediate de l'isthme de Suez avec la li¬

berie de passage pour toutes les nations moyennant des droits regies par des traites, et la liberte de navi¬

gation clans la Mer Noire.

L'institulion d'une Confederation independante de la

Bosnie, de la Servie, de la Bulgarie, de la Valachie et de

la Moldavie, sous la denomination de Confederation da-

nubienne avec l'adoplion du Code Napoleon et du sys¬ teme decimal.

Ce dernierEtattiendraittete aTAutriche, a la Prusse, a la Russie.

Le nouvel Empire turc proprement dit, refoule en

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Asie, aurait pour limited la Russie, la Perse, FArabie et la Mer Noire. ^

Comme complement a ce remaniement de la carte

europeenne, il importerait, pour s,atisfaire a toutes les

exigences, de restituer a la Grece les iles dont elle est

depossedee. L'affranchissement de l'ltalie est un principe desor-

mais reconnu, et il est certain que par la force des cir-

constances qui paraissent devoir se produire encore et contre lesquelles nulle puissance humaine ne saurait

hitter, on doit s'attendre, dans un avenir prochain, a

voir Malte, Tunis et Tripoli reunis a la France, Gibral¬ tar a l'Espagne et l'Egypte former un Etat indepen- dant et separe.

L'Angleterre se trouverail, il nous semble, large- ment indemnisee par la libre possession de ses Etals de l'lnde.

Le massacre des Maronites par les Druses n'a ete

qu'un pretexte des Turcs qui se sont servis d'eux pour exterminer les chreliens, en sauvegardant leur neu¬

trality, esperanl bien qu'a leur tour les Druses seraienl chaiies par l'Europe. De cette facon, ils se debarassaient des uns et des autres; et, de leur cyte, les Druses en

acceptant ce mandat, ont compte sur une conflagration susceptible d'aneantir la puissance turque.

Un peuple maitre d'une ville de la valeur politique et commerciale de Constantinople, qui en est reduit a user d'expedients aussi has et aussi miserables, est un

peuple gangrene que rien ne peut plus sauver. L'intervention en Syrie est une necessile imposee

par la barbarie des actes qui s'y commettent. Cepen- dant, si au lieu d'agir directement avec un corps d'ar-

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mee dont les luttes seront immenses et les besoins

souvent extremes, qui ne fera qu'exciter le souleve- ment general des populations de loute l'Arabie, et qui enfin coutera beaucoup d'hommes, beaucoup d'argent et de temps, peut-etre sans resultat; si done les einq grandes puissances avaient force le sultan, vu son

impuissance, de recevoir a Constanlinople une gar- nison europeenne, composee des cinq nationality's,

pour lui garder sa capitate, ce sultan aurait pu dispo¬ ser de loutes ses forces pour retablir l'ordre en Syrie, l'Europe eut-elle du meme lui fournir, pendant toule la duree de la campagne, la solde, les vivres et les ve-

tements de ses soldats nus et affames. C'eut ete une grande economie, etle moyen d'en finir

plus vile avec ce meme Grand-Turc pour le cas probable ou son impuissance serait restee la meme.

C'eut ele se metlre a l'abri de bien des complica¬ tions, car en presence de la nation arabe soulevee en

masse comme cela va arriver indubitablement, l'armee

lurque se serait fondue enquelques semaines pourlais- ser librement surgir ce nouvel empire, beaucoup plus aple a marcher avec le progres en se civilisant que

l'Empire turc qui expire. /

inipiimene de L I^TERLIN tt c«, rue heuve-des-Bons-Enfants, 3

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