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Les voies de Compostelle
Voie de Tours 1460 kmVoie de Vézelay 1680 kmVoie du Puy-en-Velay 1530 kmVoie d'Arles 1590 kmCamino Francés 780 km (depuis Arles 850 km)
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Sommaire
6 Préambule10 Voie de Tours Émilie Chaix
66 Voie de Vézelay Émilie Chaix
134 Voie du Puy-en-Velay Marc Dozier
202 Voie d’Arles Franck Charton
282 Voie de Navarre Franck Charton
318 Camino Francés Franck Charton
390 Santiago Franck Charton
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Préambule
Des chemins et des hommes
Le sortilège de saint Jacques a traversé les siècles. Mille deux cents ans
après qu’elle soit née sur une colline de Galice, la légende continue de
mettre en mouvement les foules vers un but unique : le tombeau présumé
de l’apôtre Jacques le Majeur. Car si les deux autres grands pèlerinages
chrétiens nés au Moyen Âge, Rome et Jérusalem, respectivement vers
les tombeaux de Pierre et de Jésus, ont pour eux de solides fondements
historiques ou bibliques, celui de Compostelle ne repose que sur du vent :
une série de mythes et de légendes d’origines diverses, qui se sont peu à
peu transformés en « traditions » admises par l’Église.
Tous les chemins ont un départ et une fi n. Ceux de Compostelle, s’ils
convergent tous vers Santiago, ont des départs multiples. À l’origine, on
partait de n’importe où dans l’Occident médiéval ! Aujourd’hui, si le maillage
européen des innombrables chemins et « bretelles » de Saint-Jacques
(Santiago, Jacobo, James ou Jakob) est impressionnant, le présent ouvrage
s’attache à dévoiler le quotidien des quatre grands itinéraires français, tels
qu’ils furent redécouverts au début du XXe siècle, leur jonction au niveau
des Pyrénées sur le chemin de Navarre, pour traverser ensuite tout le
Nord-Ouest de l’Espagne, vers la ville sainte de Santiago de Compostela,
entièrement née du pèlerinage.
Ce n’est qu’en 1938, en effet, que Le Guide du Pèlerin, dernier livre du Codex
Calixtinus, rédigé en latin dans la première partie du XIIe siècle par un certain
Aimery Picaud, fut traduit en français. Et l’on découvrit avec passion que
les pèlerins du Moyen Âge auraient suivi quatre « grands chemins » sur le
sol français, jalonnés de sanctuaires riches de précieuses reliques : la via
Turonensis, ou chemin de Tours, la via Lemovicencis, ou chemin de Vézelay,
Entrée dans Saint-Jean-Pied-de-Port par la fameuse porte Saint-Jacques, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
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Préambule
la via Podiensis, ou chemin du Puy-en-Velay, et enfi n la via Tolosana,
le chemin de Toulouse, connu aussi sous le nom de « chemin d’Arles ».
À partir de l’Espagne, tous fusionnaient pour devenir le Camino francés, le
chemin français.
En réalité, il n’existait pas, en France, de véritable chemin spécifi que au
pèlerinage de Compostelle : le Jacquet suivait tout simplement les grands
axes qui, depuis sa région d’origine, menaient en Espagne. Il s’agissait
surtout d’emprunter le chemin le plus court, le plus aisé et le plus sûr,
c’est-à-dire le plus fréquenté. Pas question de faire moult détours inutiles !
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Préambule
C’est dire si ces quatre itinéraires résultent en fait d’une construction
mentale : quatre cheminements théoriques devant drainer toutes les
régions du pays, et qui, curieusement, dessinent les doigts d’une main, et
même, symboliquement, les stries d’une coquille Saint-Jacques !
Et ce n’est pas le moindre des paradoxes que de constater qu’à l’heure de
la globalisation, de la désaffection de nos églises et d’une crise morale
sans précédent, ce long voyage géographique et intérieur fait de plus en
plus d’émules. Une tendance devenue phénomène de société. C’est ainsi
que, tous les jours à la belle saison, des Jacquets partis des quatre coins
de l’Hexagone s’élancent par milliers, convergeant vers l’Espagne sur ces
quatre axes majeurs remis au goût du jour. Chaque marcheur – et dans une
moindre mesure, chaque cycliste (un phénomène récent en expansion rapide)
– est mû par une motivation qui lui est personnelle. Si d’aucuns se plaignent
que ces chemins de spiritualité deviennent peu à peu des autoroutes pour
trekkeurs pressés, les voyageurs en quête continuent de donner leur âme
à ces itinéraires. Car tous s’accordent à dire que, plus que le but, c’est le
chemin qui fait le pèlerinage. Et si une ambiance particulière anime les
chemins de saint Jacques, les distinguant des autres grandes voies de
pèlerinage, c’est justement l’empreinte profonde qu’ils ont laissée dans le
paysage. Sur nul autre itinéraire sacré, en effet, le pèlerin ne peut inscrire sa
démarche jour après jour, pas à pas presque, dans les traces toponymiques et
monumentales de ses prédécesseurs. Ceux, innombrables comme les astres
célestes, qui ont marché vers le « champ de l’étoile » – puisque ce serait l’une
des acceptions du terme « Compostelle ». Et peu importe la fatigue physique,
l’anxiété morale, les aléas de santé, de météo ou les incertitudes de certaines
étapes. Le voyage devient aussi une exploration dans le temps. Un condensé
de nos paysages et de notre mémoire, au fi l de la litanie des sites qui balisent
et éclairent le chemin. Pour que, de la magie d’une légende, naisse le sens
caché derrière toute pérégrination.
Franck Charton
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Voie de ToursLa « bouillonnante »
Tracée sur les anciennes routes romaines ou commerciales de l’Ouest de
la France, la voie de Tours s’est développée le long d’un itinéraire citadin
et animé. La voie a plusieurs départs possibles, Paris Orléans ou Tours,
et semblera interminable au pèlerin désireux d’avancer dans la quiétude :
depuis Tours, la via Turonensis traverse en effet trois grandes villes, dont
Bordeaux qui règne en maître sur l’Aquitaine. Mais le chemin n’en est pas
pour autant moins captivant. Dans les cités, les immenses cathédrales
gothiques dominent la ville de leurs clochers ciselés, et plus on avance
sur le chemin, mieux il dévoile ses secrets : entre abbayes, basiliques et
citadelles, le pèlerin reste émerveillé. Du Centre au Poitou-Charentes et
à l’Aquitaine, cet itinéraire traverse des paysages variés de toute beauté.
D’abord étendus à perte de vue en Indre-et-Loire, ils deviennent vallonnés
et marécageux en Charente-Maritime, puis forestiers dans les Landes avant
d’être escarpés dans le Pays basque. Le long de l’estuaire de la Gironde,
les effl uves iodés de l’océan Atlantique viennent même caresser le nez des
Jacquets en route vers Saint-Palais, capitale de Basse-Navarre. Et au point
de jonction des quatre chemins, à la stèle de Gibraltar, la via Turonensis
rejoint ses consœurs en route vers l’Espagne.
Émilie Chaix
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Voie de Tours
Classée monument historique en 1862, la cathédrale Saint-Gatien de Tours fut construite sur plusieurs siècles (du XIIe au XVIe siècle) et présente donc un inventaire complet de l’architecture religieuse de ces différentes époques. Ce curieux mélange d’art roman, gothique, mais également Renaissance, lui confère un aspect unique.
Parmi les vitraux de la cathédraleSaint-Gatien, le pèlerin curieux découvrira, surplombant le chœur, la verrière qui retrace l’histoire de saint Jacques le Majeur.
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